A perdre la voix
À perdre la voix
Sur une idée et sur un texte d’Olivier Cohen
une musique de Denis Ramos
A la récitation et au chant Cyrille Dubois
Ensemble Dénote
Direction musicale Mathieu Braud
Un des plus importants chanteurs français, soliste reconnu, victoire de la musique, s’associe à un projet de récit musical tout public destiné à faire découvrir la richesse et le pouvoir du chant lyrique : Un homme qui se rend, comme chaque jour, dans son minuscule bureau, se met soudain à chanter sans qu’il puisse s’en empêcher… Toute la journée, dès qu’il se trouve face à une autre personne, dès qu’une émotion l’étreint, il vocalise, entonne, fredonne de manière irrépressible. Peu à peu, il sent que sa voix exprime ses sentiments intimes et refoulés… Loin de s’en réjouir, il s’en effraie et tente en vain de revenir à la normalité, à ses habitudes, surtout que son entourage refuse d’accepter ses étranges manières. Il se tait, s’isole : Comment vivre au quotidien avec ce qu’il perçoit d’abord comme une malédiction ? Comment continuer à vivre en société et y conserver la place qu’on nous a fixé ? Au moment où la situation devient incontrôlable, que sa différence est rejetée et génère une certaine violence, une idée lui vient : il utilisera ce « défaut » pour réjouir et émouvoir les autres ?… Jusqu’à ce que son succès le dépasse.
« A perdre la voix » est un conte musical et théâtral pour un chanteur lyrique, une comédienne et un petit ensemble visant à faire découvrir la voix sous une forme à la fois amusante et dynamique.
Olivier Cohen
Quel auteur, quel compositeur ne rêvent de rivaliser avec les monuments que sont Pierre et le Loup, L’Histoire du Soldat ou Le Carnaval des Animaux ?
Il arrive parfois qu’une idée s’impose comme une évidence : plutôt que présenter la musique comme une accumulation d’instruments, de timbres, de rythmes, donc de manière purement technique il m’a semblé nécessaire de la présenter comme l’expression d’une sensibilité qui nous dépasse parfois, comme une puissance d’évocation, comme la manifestation d’un imaginaire, d’une âme (le terme anima renvoie d’ailleurs au souffle).
J’ai imaginé l’histoire de cet homme paniqué par une soudain tendance à chanter, plutôt qu’à parler, traduisant en notes, en mélodies tout ce qu’il pense, tout ce qu’il ressent… ce qui l’exclue de son monde habituel jusqu’à ce qu’il parvienne à tirer parti de ce qui lui arrive. Un homme qui accomplit le parcours dont nous rêvons tous : dompter notre sensibilité, en faire une force, un moyen d’accomplissement… du moins jusqu’à un certain point. Un homme d’abord dépassé par ce qui le bouleverse possède un peu de chacun d’entre nous à la fois à l’étroit dans nos univers et à la recherche d’absolu, de beauté, de bonheur.
Mais ce que je désire avant tout, c’est que ce parcours d’abord humoristique et absurde puisse révéler le pouvoir du chant et permette d’analyser les moyens organiques, techniques, instrumentaux qui donnent à la voix son pouvoir : celui d’exprimer idées, sentiments et de bouleverser l’auditeur. Dès lors, la musique n’apparaît pas comme un moyen d’illustrer le récit, c’est elle qui constitue l’évènement, la base même du récit, et les situations musicales créent les situations scéniques. Elle constitue la dramaturgie elle-même, créant les tensions, développant, organisant l’action. Actrice, objet et sujet même du conte, elle prouve de manière effective son pouvoir d’évocation, sa puissance émotionnelle.
Il devient alors possible de présenter son côté concret, tangible : si la musique possède un caractère presque magique, hypnotique, on peut comprendre, du moins en partie, comment elle se construit, comment elle évolue: moyens physiques et techniques à mobiliser, types de vocalités pour pouvoir exprimer tel ou tel affect, styles, genres musicaux que nous avons bâtis au fil de notre histoire…
Denis Ramos
À perdre la voix – note d’intention musicale
Ce texte d’Olivier Cohen enchante le compositeur que je suis car il est en lui-même très musical. En effet le récit et l’action s’entrecroisent en permanence grâce aux dialogues de la narratrice et du personnage, ce qui crée un rythme soutenu et haletant. Cette prégnance rythmique est accentuée par les nombreux jeux de répétitions : les énumérations, les anaphores, les balbutiements du personnage. Ce dernier au début de l’histoire tourne en rond absurdement dans sa vie et fait les choses mécaniquement en étant toujours pressé. Tout cela m’amène à imaginer une musique très cadencée et répétitive qui tient en haleine, à la lisère de la folie, empreinte dérision et de grotesque.
L’histoire nous dévoile dans un second temps des éléments plus personnels de la vie du protagoniste, nous fait mieux comprendre sa fragilité et son humanité. Je veux concevoir dans ces moments une musique de chambre plus intimiste et chaleureuse, propre à la révélation et marquée par la tristesse et l’amertume de ses souvenirs.
L’émergence incontrôlée du chant du personnage suggère tout un univers sonore.
Il s’agira pour moi d’explorer les passages entre la parole et le chant, la narratrice et le personnage, le théâtral et le musical, au-delà de la traditionnelle alternance opératique récitatif/aria. Le texte fournit une piste amusante que je compte employer pour passer cette frontière, en ayant recours au bégaiement afin de déformer progressivement les mots et les transformer en musique.
Ce chant déroutant et envahissant m’invite à exploiter tout le lyrisme et la virtuosité vocale possibles, pour contraster avec la rigidité et la froideur habituelles du personnage. Les références musicales indiquées par l’auteur dans les didascalies, ainsi que les disques présents à plusieurs reprises dans le récit, me fournissent l’occasion d’intégrer des citations musicales et voyager allègrement en musique !
Denis Ramos se forme à l’École Normale et au CNSM de Paris en interprétation, écriture et composition.
Il compose pour des formations de musique contemporaine et classique tels que l’Ensemble InterContemporain, l’Ensemble Orchestral Contemporain, l’Orchestre de l’Abbaye-aux-Dames, le collectif WARN!NG, L’Orchestre des Lauréats du Conservatoire. Il a également écrit pour des interprètes solistes comme Gabriel Bianco, Michaela Hrabankova et Émilie Cousin et Romain Dayez. Il enseigne par ailleurs la guitare aux conservatoires de Chelles et de Vaires-sur-Marne et compose régulièrement des oeuvres pédagogiques à destination des élèves.
Lauréat de la Cité Internationale de Paris et de la Fondation Meyer pour le développement culturel et artistique, il reçoit en 2017 le Prix de Composition de la Fondation Salabert pour sa pièce Courante.
Il créé en 2019 le spectacle Le Sable et le Ciel souverains palpitaient avec l’ensemble Myriade et la plasticienne Marina Sosnina, pour lesquels il réalise plusieurs arrangements et compositions originales sur des poèmes de Pablo Neruda.
Cyrille DUBOIS – Ténor
Considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs ténors Français de sa génération, Cyrille Dubois est depuis toujours un artiste insatiable de découverte de nouveau répertoire. Il découvre le chant pendant son enfance dans les classes horaires aménagées de la Maîtrise de Caen (direction Robert Weddle). Grâce aux auditions hebdomadaires, il aborde pendant ces années un large répertoire sacré et profane. Déjà tout jeune soliste, il a pu participer à de nombreux projets tels les Pie Jesu des Requiem de Fauré, Duruflé, ou Andrew Llyod Weber, les Chichester Psalms de Bernstein ou le Tour d’Ecrou (Miles) de Britten à l’Opéra de Lyon et Chambéry.
Quelques années après, il entre en ténor au CNSM (Conservatoire National supérieur de Musique) de Paris (Classe d’Alain Buet). Mais la grande passion de Cyrille réside dans l’interprétation du Lied et la Mélodie dont il est un émissaire recherché et aujourd’hui considéré l’un des meilleurs défenseur de ce répertoire. C’est au contact d’Anne Le Bozec et Jeff Cohen avec lesquels il se produit en récital, qu’il découvre ce répertoire. Il forme avec le pianiste Tristan Raës le Duo Contraste. Des rencontres avec de grands interprètes de ce genre leur a permis d’approfondir et d’élargir leur répertoire avec notamment une masterclass avec Helmut Deutsch pour les Lieder ou des rencontres avec François Le Roux pour la mélodie. Leur éclectisme ne trouve pas de limite ! Lauréats du Concours Boulanger et triples lauréats du concours de musique de chambre de Lyon (dont 1er prix et prix du public), ils sont dès lors invités à de nombreuses reprises à défendre ce répertoire de la mélodie Française autours du globe (Palazetto Bru-Zane de Venise, Opéra de Paris, Festival de St Petersbourg, Musée Claude Debussy, Auditorium du musée du Louvre, Musée de l’Armée aux Invalides, Whigmore Hall à Londres et à Moscou…) et se font chantre de la diffusion de ce répertoire. Cyrille a pu également partager des récitals avec Michel Dalberto, Nicolas Stavy, ou Alphonse Cemin… Il est fréquemment invité par les plus grands chefs comme soliste dans des Oratorios ou pièces avec Orchestre : Lelio de Berlioz (rôle titre), au Musik Verein de Vienne, La sérénade pour ténor et Cor et Les Illuminations de Rimbaud (Britten), avec l’Orchestre de Caen, prochainement le Te Deum de Berlioz au Portugal…
La ductilité de son timbre, sa maîtrise des nuances et son infinie musicalité lui permettent de balayer un large spectre du répertoire lyrique allant du Baroque à la musique contemporaine en passant par la période classique ou les opéra-comiques Français.
Ainsi après ses années au CNSM il intègre le prestigieux Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris qui lui donnera ses premières opportunités de se produire en scène : Sam Kaplan dans Street Scene de Kurt Weil, Gonzalve dans L’Heure Espagnole de Ravel, la Resurezzione de Haendle (Saint Jean) (direction Paul Agnew) et La Finta Giardiniera de Mozart (Il Contino Belfiore).
Hors Atelier il a également pu interpréter d’autres rôles tels : La Flûte Enchantée de Mozart (Tamino) à l’Opéra de Marseille, Gianni Schicchi (Rinuccio – Gherardo) de Puccini, ou Le viol de Lucrèce de Britten (Male Chorus), Les noces de Figaro (Don Curzio) de Mozart. Ou à la suite du 21ème concours international de chant de Clermont Ferrand qui lui donne la possibilité de chanter, le rôle d’Edoardo dans La Cambiale di Matrimonio de Rossini dans de nombreuses salles françaises. Aussi a-t ’il a pu rencontrer Jeannine Reiss, Dame Ann Muray et Nathalie Dessay lors de masterclass.
Son début de carrière l’emmène sur les plus grandes salles de France et d’Europe : à la Scala de Milan et l’Opéra de Paris dans Les Contes d’Hoffmann (Nathanaël), la Monnaie de Bruxelles début 2013 dans une création contemporaine de Benoît Mernier: La Dispute ou au Théâtre des Champs Elysées où il a effectué un remplacement au pied levé du Conte Almaviva dans le Barbier de Seville de Rossini. En 2014, il a interprété Gérald dans Lakmé à l’Opéra Théâtre de Saint Etienne ce qui lui a valu d’être considéré comme un des espoirs du chant Français (primé révélation lyrique 2014 par le syndicat des critiques musicaux). Après avoir été remarqué dans les 4 valets des Contes d’Hoffmann à l’Opéra de Lyon, puis le rôle de Brighella dans Ariadne auf Naxos de Strauss (Opéra de Paris) couplé avec celui du Tanzmeister à l’Opéra de Toulon et fait ses débuts à Garnier (Opéra de Paris) avec le rôle d’Oronte dans Alcina de Haendel dirigé par Christophe Rousset ou dans la re-création à l’Opéra de Paris du Roi Arthus (Chausson) (avec Roberto Alagna, Thomas Hampson) ; il a été sélectionné en 2015 par le Centre Français de promotion Lyrique pour interpréter le jeune premier (Coelio) dans Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet dans de nombreuses salles de province. S’en suivent des rôles de plus en plus importants : il a été Pâris aux côtés de Karine Deshayes à l’Opéra de Toulon (la Belle Hélène, Offenbach) ; Ses débuts comme Gonzalve (L’Heure Espagnole, Ravel) au Festival de Glyndebourne (GB). Il a été Don Narcison (Turco in Italia, Rossini) à Metz et Modena (Italie) ; Marzio (Mitridate, Mozart) et le partenaire de Annick Massis pour Nadir (Les pêcheurs de perles, Bizet) (version concert) au Théâtre des Champs Elysées, encore Belmonte (Entführung aus dem Serail, Mozart) à l’Opéra de Lyon ou Monte Carlo, Horace de Massarena (Le Domino Noir, Auber) à Liège et l’Opéra Comique ou Ferrando (Cosi fan Tutte, Mozart) à Rouen et à l’Opéra de Paris
Il a déjà collaboré avec certain des plus grands chefs comme Michel Plasson, John Nelson, Lawrence Foster, Philippe Jordan, Kazuchi Ono, Michele Mariotti, Michael Schoenwand, Susanna Mälkki, Stefano Montanari, Laurent Campellone, Laurence Equilbey, Christophe Rousset, Emmanuelle Haïm…
Il a été parrain de la journée européenne de l’Opéra au théâtre de Caen en mai 2016. Il a pu également participer à 2 saisons de l’émission « la Boîte à Musique » de Jean-François Zygel sur France 2.
Mais fidèle au monde amateur et choral qui l’a vu grandir (dans la petite commune littorale de Ouistreham Riva-Bella) il n’oublie jamais de transmettre sa passion, aussi souvent qu’il le peut, dans la Manche où il habite maintenant, comme récemment au ‘festival de la côte de Nacre’ où il a partagé son expérience avec de jeunes chanteurs.
Au disque, outre les enregistrements qu’il a fait étant enfant avec la Maîtrise de Caen (notamment les petits motets de Brossard, salués par la critique internationale), il a été l’invité de Radio France pour l’enregistrement de Tistou les Pouces vert de Sauguet et du Centre de Musique Baroque de Versailles pour Renaud de Sacchini, les Horaces et Tarare de Salieri, Pygmalion (rôle titre) de Rameau avec les Talens Lyriques, la Caravane du Caire(Grétry) avec les Agrémens, le Paradis Perdu de Théodore Dubois et la missa Sacra avec les Cris de Paris (direction Geoffroi Jourdain), le Désert de Félicien David avec Accentus, Les œuvres du prix de Rome de Dukas avec l’orchestre de la radio Belge, et la Reine de Chypre avec l’orchestre de Paris (direction Hervé Niquet) ou encore l’enregistrement muli-récompensé des Troyens de Berlioz, avec l’orchestre de Strasbourg. Au récital, le CD de mélodies Française (Clairières dans le ciel) qu’il a enregistré avec Tristan Raës pour Hortus a reçu le diamant d’Opéra Magazine, et l’automne dernier, le CD ‘O Lieb !’ consacré aux mélodies de Liszt chez Aparté a reçu un Diapason d’Or et un CHOC Classica.
Parmi ses projets : il sera cet hiver Fortunio (rôle titre) à l’Opéra Comique, Nadir (les pêcheurs de perles, Bizet) à l’Opéra Royal de Wallonie, puis l’année prochaine, Dardanus (rôle titre) à Budapest ou encore le Chevalier de la Force dans le Dialogue des Carmélites de Poulenc au festival de Glyndebourne…
En 2015, il a obtenu une Victoire de la musique Classique (catégorie révélation lyrique).
Mathieu Braud se forme à la trompette, au tuba, à la contrebasse et au piano avant de s’intéresser à l’écriture musicale, notamment auprès de Claude Henry Joubert et François Saint Yves ainsi qu’à l’analyse auprès de Vincent Barthe et de François Boukobza.
Il se tourne ensuite vers la direction d’orchestre après avoir suivi les master-class de Julien Guénebaut, Nicolas Brochot et de Claire Gibault. Il entame alors une formation au Conservatoire Royal de Bruxelles en classe de direction d’orchestre d’où il ressort diplômé en juin 2018.
En 2012, il crée avec Nicolas Vasseur l’Orchestre OPPERA qui réunit amateurs ou professionnels, pour interpréter un répertoire ambitieux et exigeant, dans une démarche de partage et de proximité avec son public. Il conduit cet ensemble jusqu’en juillet 2018.
Il dirige en 2016 l’ensemble londonien United Strings of Europe composé de musiciens is-sus de la Royal Academy de Londres.
En 2017, Il est nommé Directeur musical de l’Orchestre Universitaire de Lille qu’il dirige pendant deux ans et crée la même année son propre orchestre professionnel, l’Ensemble Dénote, composé d’une vingtaine de musiciens tous issus de grandes formations, avec l’objectif de jouer partout et pour tous, à la ville et à la campagne, dans des salles de concerts mais aussi en entreprises, dans les établissements scolaires et dans tous lieux où la musique peut être partagée avec un public curieux de découverte.
Aujourd’hui, Mathieu Braud multiplie les projets en tant que Chef invité (Direction de l’AYPO – Arab Youth Philharmonic Orchestra, concert avec l’Orchestre Symphonique Tunisien et le Choeur de l’Opéra de Tunis, enregistrement de musiques de films, création de spectacles…) parallèlement au développement de l’Ensemble Dénote. https://ensemble-denote.fr/
En juillet 2021, il assurera la direction artistique du premier rendez-vous musical « Classique ou pas ! » en Anjou (Bouchemaine).
L’Ensemble Dénote
Les musiciens choisi de créer un ensemble professionnel présentant une grande partie des instruments de l’orchestre symphonique tout en permettant une proximité avec le public. Issus de divers ensembles professionnels et réunis sous la baguette de Mathieu Braud, ces musiciennes et musiciens sont animés par un désir commun de vivre le concert autrement.